On compte pratiquement 1 500 filiales offshore, réparties sur une trentaine de territoires : des Bermudes à la Suisse en passant par Malte et Panama et… le Royaume-Uni. « Toutes les entreprises françaises du CAC 40 sont présentes dans les pays offrant des services financiers de type paradis fiscaux ».
Le secteur financier se révèle être le plus engagé dans les paradis fiscaux. BNP Paribas, le Crédit agricole et la Société générale disposent de 361 entités offshore. Si l’on y ajoute les Banques populaires, Dexia et la Banque Postale (présente au Luxembourg), on atteint un total de 467 entreprises. Ce qui représente, en moyenne, 16 % des entreprises de ces 6 groupes
Les banques françaises s’installent dans les centres financiers offshore pour faire fructifier discrètement et au moindre coût fiscal le patrimoine des personnes aisées, gérer les salaires des cadres à haut revenu en dehors du regard du fisc, accompagner les stratégies internationales des multinationales qui pratiquent « l’optimisation fiscale ».
Mais les enquêtes montrent aussi que toutes les banques françaises ne font pas appel aux paradis fiscaux avec la même ampleur. BNP Paribas est, de loin, le plus mauvais élève du secteur et du CAC 40. Pourquoi cette banque a-t-elle besoin d’une présence plus de trois fois plus importante que la Société générale dans ces territoires douteux ?
Une banque du secteur mutualiste comme les Banques populaires ne se distingue pas des autres : elle est même présente dans les îles Caïmans, à Malte et à Panama, dont la réputation est plus que sulfureuse.
Au-delà du secteur bancaire, toutes les multinationales françaises sont implantées dans les paradis fiscaux. Les plus mauvais élèves étant (en valeur absolu comme en pourcentage) LVMH, Schneider, PPR, France Télécom, Danone, Pernod et Capgemini. Les entreprises françaises suivent la voie de leurs concurrentes : à partir des données de la Cnuced, on peut montrer qu’un tiers du stock d’investissements à l’étranger des multinationales se situe dans les paradis fiscaux.
Sept territoires offshore concentrent à eux seuls 90 % de la présence française : le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suisse, le Luxembourg, Singapour, l’Irlande et Hongkong. La City de Londres confirme sa première place en la matière. Certes, toutes les entreprises françaises, y compris les banques, qui sont présentes à Londres ne le sont pas uniquement pour bénéficier des activités parasites de la finance britannique.
Mais le fait d’avoir 13 filiales pour EADS, 21 pour Peugeot (8 seulement pour Renault) ou encore 43 pour Schneider ne s’explique pas uniquement par la nécessité d’être présent sur le marché britannique. Créer une société écran à la City coûte aujourd’hui environ 250 euros. C’est aussi ce genre de services que viennent y chercher les multinationales de tous les pays pour y minimiser leurs impôts, gérer une partie des revenus de leurs dirigeants, etc.
QUELQUES ENTREPRISES FRANÇAISES DANS LES PARADIS FISCAUX.
Le premier chiffre indique le Nombre de filiales dans les paradis fiscaux Le second chiffre indique leur pourcentage par rapport au nombre total de sociétés dans le groupe
BNP Paribas : 189… 23 LVMH : 140… 24 Schneider : 131… 22 Crédit agricole : 115… 19
PPR : 97…17 Banque populaire : 90… 9 France Telecom : 63… 24 Société générale : 57… 17
Lagardère : 55… 11 Danone : 47… 23 EADS : 46… 19 Peugeot : 39… 11 Carrefour : 32… 6
Pernod : 32… 24 Capgemini : 31… 24 Unibail : 31… 20 Axa : 28… 22 Michelin : 27… 18
Air liquide : 22… 8 Essilor : 22… 10 L’Oréal : 22… 9 Bouygues : 18… 18 Sanofi Aventis : 18… 14 Renault : 16… 11 Dexia : 15… 33 Accor : 11… 11 Lafarge : 11… 12 Saint-Gobain : 11… 14 GDF Suez : 9… 13 EDF : 8… 12 Veolia : 8… 7 Alstom : 6… 15 Alcaltel Lucent : 5… 14 Vallourec : 5… 8 Suez environnement : 4… 10 Vivendi 4